“Il est de
retour” (titre original “Er ist wieder da”), le roman de Timur Vermes fait
fureur en Allemagne depuis sa parution en 2012. L’originalité du roman provient
de la narration à la première personne. Le lecteur se place dans la peau
d’Hitler, ce qui peut paraître paradoxal puisque l’on ne peut apparemment pas
s’identifier à ce personnage monstrueux. La couverture du livre choque
également au premier abord. En effet, la simple évocation d’une coiffure et
d’une moustache suggérée par le titre nous permet d’identifier Adolf Hitler dès
le premier coup d’oeil, comme s’il
s’agissait d’une icône.
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Entre l’acteur et le personnage, la ressemblance est troublante |
Alors que le
film, adapté de ce même best-seller “Er ist wieder da” vient de sortir
cet automne dans les salles, on peut se demander si Hitler est un jour
réellement parti. Le film retrace l’histoire d’un Hitler se réveillant en août
2011 dans un terrain vague de Berlin, à l’emplacement de son ancien bunker.
N’ayant aucun souvenir de la période qui a suivi sa disparition en 1945, il
découvre une société médiatique troublante où règne un culte de la
personnalité. Il est recueilli par Sawatzki, un journaliste de télévision qui
le prend pour un très bon imitateur. Celui-ci lui fait visiter l’Allemagne
d’aujourd’hui et l’encourage à créer une vidéo Youtube. Celle-ci fait plus d’un
million de vues et le propulse sur le devant de la scène. En effet, les propos
nazis qu’il tient sont considérés comme humoristiques par les
internautes.
Un décalage
se créé alors entre le sérieux habitant
la volonté d’Hitler de revenir sous le feu des projecteurs et
l’impression comique qu’il laisse au public, puisqu’il est perçu comme un homme
de spectacle plutôt que comme un dirigeant. La population n’est choquée que
lorsqu’il tire sur un chien à l’écran. Agressé par des radicaux de gauche,
“l’imitateur d’Hitler” devient ensuite un combattant pour la liberté
d’expression aux yeux du dirigeant de la SPD Siegmar Gabriel, qui lui envoie
ses vœux de bons rétablissement.
Le film a
suscité un engouement important auprès du public (325.000 spectateurs en 4 jours
après sa sortie et finalement plus de 2 millions d’entrées au cinéma). Il se
place en tête des ventes au cinéma et a déjà engrangé 2,1 millions d’euros de
bénéfices depuis sa sortie le 8 octobre 2015, ce qui fait de lui le 2e plus
grand succès allemand de l’année au cinéma.
Cependant,
tout comme le livre dont il est issu, le film a divisé l’opinion. Ainsi
Süddeutsche Zeitung explique le succès du livre, non pas par la qualité
d’écriture ou la richesse de l’histoire, mais par l’utilisation d’Adolf Hitler
en tant que personnage comique. Il semblerait que le personnage d’Hitler, un
meurtrier et un dictateur, suscite toujours l’intérêt et une certaine
part de mystère. A travers le film, on a l’impression que l'élection d’un
candidat similaire à Hitler serait possible aujourd’hui. Par une utilisation
massive des médias, la domination du monde par un homme dont les idées sont
complètement irrationnelles serait possible dans notre monde actuel.
Depuis sa
mort en 1945, de nombreux ouvrages et films sont parus en Allemagne concernant
ce personnage historique, l’abordant de manière parfois satirique. Cela montre
une certaine fixation des allemands sur cette période sombre de leur histoire.
Cela induit un paradoxe entre la
liberté et l’irrévérence permise du monde de l’art et le tragique l’histoire. La mémoire de l’Histoire
n’en est-elle pas bafouée lorsque dans le monde de l’art personne n’est
choqué de voir les étrangers être considérés comme de la vermine. par Hitler,
de même des caricatures racistes peuvent être acclamées au nom de la liberté de
l’art.
Pourtant l’actualité qui écrit l’histoire au quotidien, montre dans Le
mouvement PEGIDA dont Les membres se réunissent tous les lundis lors de manifestations,
que les thèses islamophobes sont la forme actuelle des thèses antisémites des
années 30.
Le Saviez-Vous ?
° Timur Vermes est un écrivain et journaliste allemand
né à Nuremberg en 1967 d’un père hongrois.
° Le nombre 18 renvoie à “Adolph Hitler” en Allemagne,
puisque A et H sont respectivement la première et la huitième lettre de
l’alphabet.
° De même, le nombre 88 renvoie à “Heil Hitler”.
Bibliographie :
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