Avant-propos

Bienvenue sur « Centrale Internationale »

Centrale Internationale est un blog d'actualités et d'analyse entièrement rédigé par des élèves-ingénieurs de l’École Centrale Marseille.

Le fruit d’un module d’enseignement facultatif proposé aux élèves de 2ème année (M1), ce blog est « international » dans le vrai sens du terme car les articles sont écrits par des étudiants français et étrangers, dans neuf langues différentes, à partir de sources toutes aussi variées.

Il est le reflet non seulement d’un important travail linguistique, mais également d’une approche pédagogique innovante qui fait la part belle à l’autonomie et à l’initiative de l’apprenant.

La sélection d’articles que vous y trouverez témoigne à la fois des compétences et du sérieux, mais également de l’engagement et de la passion des personnes impliquées. Au-delà d’une simple production pédagogique, ces textes démontrent l’ouverture, la curiosité, et la réflexion d’un groupe de futurs citoyens du monde.

Bonne lecture !

Gérald Marquis, responsable de l’option

vendredi 8 janvier 2016

Adolf Hitler : “Il est de retour”, mais a-t-il jamais disparu ?


“Il est de retour” (titre original “Er ist wieder da”), le roman de Timur Vermes fait fureur en Allemagne depuis sa parution en 2012. L’originalité du roman provient de la narration à la première personne. Le lecteur se place dans la peau d’Hitler, ce qui peut paraître paradoxal puisque l’on ne peut apparemment pas s’identifier à ce personnage monstrueux. La couverture du livre choque également au premier abord. En effet, la simple évocation d’une coiffure et d’une moustache suggérée par le titre nous permet d’identifier Adolf Hitler dès le premier coup d’oeil, comme s’il s’agissait d’une icône.

Entre l’acteur et le personnage, la ressemblance est troublante    

Alors que le film, adapté de ce même best-seller  “Er ist wieder da” vient de sortir cet automne  dans les salles, on peut se demander si Hitler est un jour réellement parti. Le film retrace l’histoire d’un Hitler se réveillant en août 2011 dans un terrain vague de Berlin, à l’emplacement de son ancien bunker. N’ayant aucun souvenir de la période qui a suivi sa disparition en 1945, il découvre une société médiatique troublante où règne un culte de la personnalité. Il est recueilli par Sawatzki, un journaliste de télévision qui le prend pour un très bon imitateur. Celui-ci lui fait visiter l’Allemagne d’aujourd’hui et l’encourage à créer une vidéo Youtube. Celle-ci fait plus d’un million de vues et le propulse sur le devant de la scène. En effet, les propos nazis qu’il tient sont  considérés comme humoristiques par les internautes.

Un décalage se créé alors entre le sérieux habitant la volonté d’Hitler de revenir sous le feu des projecteurs et l’impression comique qu’il laisse au public, puisqu’il est perçu comme un homme de spectacle plutôt que comme un dirigeant. La population n’est choquée que lorsqu’il tire sur un chien à l’écran. Agressé par des radicaux de gauche, “l’imitateur d’Hitler” devient ensuite un combattant pour la liberté d’expression aux yeux du dirigeant de la SPD Siegmar Gabriel, qui lui envoie ses vœux de bons rétablissement.

Le film a suscité un engouement important auprès du public (325.000 spectateurs en 4 jours après sa sortie et finalement plus de 2 millions d’entrées au cinéma). Il se place en tête des ventes au cinéma et a déjà engrangé 2,1 millions d’euros de bénéfices depuis sa sortie le 8 octobre 2015, ce qui fait de lui le 2e plus grand succès allemand de l’année au cinéma.

Cependant, tout comme le livre dont il est issu, le film a divisé l’opinion. Ainsi Süddeutsche Zeitung explique le succès du livre, non pas par la qualité d’écriture ou la richesse de l’histoire, mais par l’utilisation d’Adolf Hitler en tant que personnage comique. Il semblerait que le personnage d’Hitler, un meurtrier et un dictateur,  suscite toujours l’intérêt et une certaine part de mystère. A travers le film, on a l’impression que l'élection d’un candidat similaire à Hitler serait possible aujourd’hui. Par une utilisation massive des médias, la domination du monde par un homme dont les idées sont complètement irrationnelles serait possible dans notre monde actuel.
Depuis sa mort en 1945, de nombreux ouvrages et films sont parus en Allemagne concernant ce personnage historique, l’abordant de manière parfois satirique. Cela montre une certaine fixation des allemands sur cette période sombre de leur histoire. Cela induit un paradoxe entre la liberté et l’irrévérence permise du monde de l’art et le tragique l’histoire. La mémoire de l’Histoire n’en est-elle pas bafouée lorsque dans le monde de l’art  personne n’est choqué de voir les étrangers être considérés comme de la vermine. par Hitler, de même des caricatures racistes peuvent être acclamées au nom de la liberté de l’art.

Pourtant l’actualité qui écrit l’histoire au quotidien, montre dans Le mouvement PEGIDA dont Les membres se réunissent tous les lundis lors de manifestations, que les thèses islamophobes sont la forme actuelle des thèses antisémites des années 30.


Le Saviez-Vous ?

° Timur Vermes est un écrivain et journaliste allemand né à Nuremberg en 1967 d’un père hongrois.
° Le nombre 18 renvoie à “Adolph Hitler” en Allemagne, puisque A et H sont respectivement la première et la huitième lettre de l’alphabet.
° De même, le nombre 88 renvoie à “Heil Hitler”.



Bibliographie :







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