Avant-propos

Bienvenue sur « Centrale Internationale »

Centrale Internationale est un blog d'actualités et d'analyse entièrement rédigé par des élèves-ingénieurs de l’École Centrale Marseille.

Le fruit d’un module d’enseignement facultatif proposé aux élèves de 2ème année (M1), ce blog est « international » dans le vrai sens du terme car les articles sont écrits par des étudiants français et étrangers, dans neuf langues différentes, à partir de sources toutes aussi variées.

Il est le reflet non seulement d’un important travail linguistique, mais également d’une approche pédagogique innovante qui fait la part belle à l’autonomie et à l’initiative de l’apprenant.

La sélection d’articles que vous y trouverez témoigne à la fois des compétences et du sérieux, mais également de l’engagement et de la passion des personnes impliquées. Au-delà d’une simple production pédagogique, ces textes démontrent l’ouverture, la curiosité, et la réflexion d’un groupe de futurs citoyens du monde.

Bonne lecture !

Gérald Marquis, responsable de l’option

lundi 9 février 2015



Pêcher mieux pour manger plus !


Une nouvelle vision d'une pêche plus durable et efficace pourrait contribuer à la résolution du problème de la faim dans le monde.




D'ici 2050 nous atteindrons le seuil des 9 milliards d'habitants sur la planète. Pour sustenter toutes ces personnes il faudrait alors exploiter davantage de terres, qui sont de surcroît menacées par l'impact grandissant du réchauffement climatique. Comment allons nous nous sortir de cet épineux problème ?

Si la clé ne se trouve pas sur terre, elle se trouve sûrement dans les océans. En effet en ce qui concerne l'agriculture, le dilemme est de choisir entre sauver la biodiversité et produire de la nourriture. Pour permettre aux cultures de se développer, le sacrifice de l'écosystème présent est souvent nécessaire, à l'instar des forêts ou des prairies pour créer des champs, et il s'agit le plus souvent de monocultures qui appauvrissent la terre. Afin de compenser ce phénomène, on use à outrance des engrais et pesticides, ce qui a pour effet de nous plonger dans un cercle vicieux en détruisant certains organismes indispensables à la régénération des sols tels que les lombrics. A l'inverse, la magie des océans réside dans le fait que préserver la biodiversité est synonyme d'abondance de nourriture. Dans un environnement sain et protégé, les poissons vont avoir tendance à prospérer et se développer. Or de nos jours, en raison de la surpêche intensive les écosystèmes marins s'amenuisent et ont de plus en plus de mal à répondre à la demande croissante mondiales des industries alimentaires. Ce phénomène est amplifié par le gaspillage extrême engendré par des techniques de pêche destructrices comme la pêche au chalut, qui retient dans ses filets des prises qui meurent en vain car non destinées à la consommation.

Il ne s'agit alors plus de pêcher toujours plus mais de pêcher mieux. C'est ce qu'on pourrait appeler la pêche durable, qui s'exprime à travers ce diptyque : l'établissement de quotas et l'adoption de techniques de pêche plus respectueuses de l'écosystème marin. Il a été observé en divers endroits, notamment en Norvège, qu'imposer des limites à la pêche permet le retour des pêcheries (espaces aménagés et dédiés à la pêche), ce qui suppose de connaître les stocks possibles par espèces. Il s'agit ensuite d'exploiter ces stocks avec des techniques de pêche non destructives comme les lignes de traîne, les sennes ou les palangres pélagiques et arrêter totalement la pêche au chalut ou à la drague, qui détruisent les fonds marins et ne favorisent pas la régénération des espèces. Pêchez mieux pour en retirer plus pour tout ceux qui souffriront de la faim.

Plusieurs programmes de pêche durable existent déjà et ont fait leurs preuves. En Somalie, après le tsunami de 2004 plusieurs petits ports de pêche non reliés par les routes qui souffraient déjà de la pauvreté générale du pays ont vu leurs rares sources de revenus balayés par les eaux. Mais grâce au Fond de Développement du Japon, certains villages on pu s équiper d'équipements de pêche de pointe qui permettent notamment un meilleur stockage et donc une réduction notable du gaspillage. Les résultats sont là : les revenus des villages ont augmenté de 20 à 30 % et les familles ont de quoi se nourrir convenablement.

Devant un tel engouement pour cette nouvelle vision de la pêche, plusieurs organismes et instituts de recherche se lancent dans le développement d'une pêche toujours plus durable. Worldfish est l'un de ses instituts et développe des technologies qui permettent l'augmentation de l'aquaculture et d'en maximiser l'impact sur la pauvreté et la faim sans menacer l'environnement. Worldfish s'est notamment impliqué au Bangladesh où 20 millions de personnes souffrent de sous-nutrition. Cela ne devrait plus être le cas. Plus de 20 millions d'étangs seraient exploitables. Le programme CGIAR pourrait permettre d'utiliser ces étangs comme sources locales de revenus et de nourriture.

Le problème de la faim dans le monde, même s'il est global, ne peut vraiment se résoudre qu'à petites échelles, tout comme celui de l'impact néfaste de l'homme sur l'environnement. C'est dans cette vision que s'inscrit la pêche durable et pourrait permettre à plusieurs millions de personnes de manger convenablement.

Gabriel Vallejo and Alexandre Mignucci


Les différentes techniques de pêche :
-> La pêche à la traîne consiste à laisser traîner un appât derrière un bateau en mouvement.
-> La pêche aux sennes, quant à elle, consiste à capturer des poissons à la surface en les encerclant avec un filet. Les palangres pélagiques sont des cordages munis de plusieurs hameçons.




http://www.worldbank.org/en/news/feature/2013/10/09/a-fisheries-project-on-somalia-s-eastern-coast-helps-fight-hunger-and-poverty

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